Congrès international les cancers dans les pays du sud à faible revenu : pour une approche interdisciplinaire
Venue: Faculté des Lettres et Sciences Humaines Dhar El Mehrez et IRC | المدينة: Fès, Maroc
Le cancer constitue un grave problème de santé publique mondial, tant au niveau de sa prévention qu’au niveau de sa prise en charge biomédicale (diagnostic, traitement), économique, psychologique et sociale. Il représente le second facteur de mortalité dans le monde après les maladies cardiovasculaires. On estime que le fardeau mondial du cancer a aujourd'hui atteint plus de 17 millions de nouveaux cas et 9,5 millions de décès en 2018 (Source: Globocan 2018). Un homme sur cinq et une femme sur six dans le monde développeront un cancer au cours de leur vie, et un homme sur huit et une femme sur 11 mourront de cette maladie. Selon l’OMS, la détection du cancer à un stade avancé comme la difficulté d’avoir accès à un diagnostic et à un traitement sont des problèmes récurrents. En 2017, 26% seulement des pays à faible revenu déclaraient disposer des services de pathologie nécessaires pour les diagnostiquer et moins de 30% d’entre eux déclaraient disposer de services permettant de les traiter, alors que la proportion pour les pays à revenu élevé dépassait 90%. Le nombre de personnes atteintes par le cancer va doubler d’ici 2035 (26,5 millions avec 14,5 millions de décès selon les données de l’OMS).
Partout dans les pays du sud à faible revenu, on peut faire le même constat : diagnostic tardif et insuffisance de la prise en charge sont cause d’une nette surmortalité par rapport aux pays à revenu élevé. L'augmentation du fardeau du cancer est due à plusieurs facteurs, notamment la croissance démographique, le vieillissement et, bien sûr, les conséquences sociales et environnementales du développement économique et du changement des modes de vie. Ceci est particulièrement vrai dans les économies à croissance rapide, où l'on observe une augmentation des cancers associés à la diffusion des modes de vie des pays industrialisés. C’est l’une des expressions de la transition épidémiologiques que connaissent les pays du sud.
Bien évidemment, la multiplicité des facteurs de risque crée une incertitude globale. Une autre incertitude est, par conséquent, celle liée à la prévention contre ces facteurs, innervant profondément, pour certains, le quotidien des individus (que l’on pense, par exemple, à l’alimentation) comme l’activité économique (que l’on pense, par exemple, aux pesticides et aux rejets industriels). Ce qui est incertain, ici, ce sont les déterminants de l’arbitrage entre les risques, les habitudes sociales et les nécessités économiques, tout particulièrement dans les pays en développement. De même, le cancer pose le problème des inégalités sociales face à l’exposition aux risques. Les traitements, eux, posent des problèmes de disponibilité. Les médicaments anticancéreux homologués par les médecins, dans certains pays du Sud, ne sont pas toujours efficaces. Autrement dit, s’il existe un ensemble important de connaissances sur les facteurs de risque et un ensemble de techniques permettant de prévenir et de soigner les cancers, la complexité et les contraintes de la vie sociale affectent fortement leur mise en œuvre, la rendant incertaine.
L’approche des sciences sociales peut contribuer, non seulement à cerner et à expliquer cette incertitude, mais aussi et surtout les problèmes de la prise en charge du cancer et son impact sur la qualité de vie du patient et sa famille. Plusieurs enquêtes nationales et internationales ont montré que ceux-ci ont un impact fort sur cette qualité. Le cancer a également un impact important sur le lien social. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette maladie génère une rupture des liens familiaux et de la chaine de solidarité sociale.
Ainsi la multiplicité des facteurs à l’origine de ces difficultés et des différentes instances de prise en charge du cancer (génétiques, biomédicales, épidémiologiques psychiques, éthiques, économiques et sociales) imposent une approche interdisciplinaire. Les médecins, les généticiens, les épidémiologistes, les sociologues, les anthropologues, les économistes, les psychologues, etc. sont invités, non seulement à mobiliser leurs connaissances et leurs savoirs pratiques liées à leurs spécialités respectives, mais aussi à mutualiser ces savoirs afin d’élaborer ensemble une approche globale faisant face à l’augmentation des cancers dans les pays du sud à faibles revenus.
Plusieurs thématiques sont envisagées :
- Transition épidémiologique et facteurs de risques dans les pays du Sud
- Perceptions et représentations de la maladie
- Politiques publiques de prise en charge du cancer I : la prévention
- Politiques publiques de prise en charge du cancer II : les protocoles et l’organisation des soins
- Politiques publiques de prise en charge du cancer III : le financement des soins
- Diffusion et la disponibilité des médicaments et des techniques de soins.
- Place des médecines alternatives et complémentaires
- Préservation de la qualité de vie
- Prise en charge des patients atteints de cancer en temps du Covid-19
- Prise en charge psychologiques des patients atteints de cancer.
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