Sociolinguistique et didactique des langues: quelles perspectives au maroc ?

Lettres et sciences humaines
Date: 20/05/2016

Lieu: Faculté des Lettres, Université Ibn Toufail de Kénitra

La sociolinguistique est généralement associée aux travaux de chercheurs fondateurs anglophones comme Labov, Gumperz, Trudgill, Fishman, etc. et à ceux de francophones comme LJ Calvet, Gardin & Marcellesi et plus récemment Blanchet, Bulot, etc. Ces différentes études s’accordent sur un point : celui de l’existence d’une relation étroite entre le langage et la société et elles montrent l’importance des facteurs sociaux dans les pratiques langagières des locuteurs et dans les représentations qu’ils peuvent avoir à la fois de leurs propres langues mais aussi de celles des autres. Quant à la didactique, elle peut être définie, à grands traits, comme étant l'étude des questions posées par l'enseignement/ apprentissage et par l'acquisition de compétences dans différentes disciplines et de savoirs dans divers domaines. Elle se caractérise par deux dimensions : celle disciplinaire et celle épistémologique, et se rattache à des courants (cognitivisme, (socio)constructivisme, etc.). Elle est fondée sur des concepts partagés avec d’autres disciplines (sociologie, psychologie, sociolinguistique, linguistique, etc.).). A titre d’exemple, dans Le dictionnaire de didactique des langues (1976) dirigé par Daniel Coste et Robert Galisson ainsi que dans Le Dictionnaire des concepts fondamentaux des didactiques (2013) édité par Yves Reuter et al., de nombreux termes sont empruntés à d’autres disciplines et sont réadaptés, voire transformés en profondeur en fonction des besoins terminologiques de la didactique. Ainsi, ce colloque se situe à la croisée de deux grands champs de la recherche académique : la sociolinguistique et la didactique des langues. Il aspire à réunir les chercheurs (Marocains et autres) autour d’une thématique qui ne cesse d’interpeller. Pour beaucoup, la Charte Nationale de l’éducation et de la formation (1999) a initié un débat sur le rôle des dialectes et des langues en présence au Maroc , à la fois dans le paysage linguistique et dans le système éducatif. Depuis, la conjonction entre la sociolinguistique et la didactique des langues s’est tout naturellement imposée aux chercheurs. Toutefois, le Maroc, politique et académique, peine encore à trouver la meilleure politique linguistique et éducative qui serait fiable et durable et en parfaite adéquation avec les besoins du local et du global (glocal) A noter qu’au Maroc, la production scientifique en sociolinguistique est riche et variée comme cela ressort des travaux de Abbassi (1977), Benhallam (1990), Benhallam and Dahbi (1990), Bentahila (1983), Boukous (1995), Dahbi (1989), Gravel (1979), Messaoudi (2014), Youssi (1989, 1995) pour ne nommer que quelques-uns et sans prétendre à l’exhaustivité Durant les cinq dernières décennies (cf. Rapport du cinquantenaire), le Maroc a partagé avec d’autres pays de la région des mouvements sociaux et culturels, allant d’une mobilité et des échanges accélérés à une mondialisation en économie et en communication croissante. Ces mouvements ont eu un impact important sur la situation des langues au Maroc. Au plan langagier, ces mouvements ont conduit à une prise en charge institutionnelle des variétés locales (en témoignent la mise en place de l’IRCAM et l’officialisation de l’amazighe) et à une augmentation dans l’enseignement/apprentissage du nombre de langues ‘étrangères’’ (en plus du français) comme l’anglais, l’espagnol, l’allemand, l’italien, le coréen, le chinois, le japonais,…). C’est dans ce contexte que de plus en plus, des voix s’élèvent pour promouvoir l’accès à une langue mondiale (en l’occurrence, l’anglais) vue comme la solution idoine aux problèmes auxquels fait face le secteur de l’enseignement au Maroc. C’est aussi dans ce même contexte que la question de réformer le système éducatif paraît indispensable avec la nécessité d’ introduire des innovations à portée didactique (comme les modèles de la littéracie) et de préparer les élèves et les étudiants à des rôles qu’ils auront à assumer dans le futur, face à de nouvelles réalités socioculturelles et économiques Ce colloque vise à mener une réflexion sur la diversité linguistique, sur les variétés langagières en usage dans la société et dans les curricula ainsi que sur les langues spécialisées et technolectes (Messaoudi 2010), dans leur relation à la problématique des langues d’enseignement et des langues enseignées.

Les contributions porteront sur les thématiques suivantes :

- La recherche en sociolinguistique et la dimension didactique : peut-on parler d’une sociodidactique ?

- L’école marocaine : quel apport de la sociolinguistique et de la didactique ?

- La littéracie : quelles applications au Maroc ?

 

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